Il en faut du talent pour se mettre dans une telle situation.

Corn s'était toujours demandé ce à quoi pensaient les mecs qui affichaient: ''NE PAS RENTRER, DO NOT CROSS'' sur leur baraque.
Enfin: avant qu'il ne remarque ce panneau, cet immeuble était juste un immeuble. Classe, d'accord, grand, OK, mais il n'y aurait sûrement pas fait attention.
Puis, il a essayé de s'imaginer pourquoi le proprio avait installé ce message. Pour les soirées entre amis ou les fêtes d'anniversaire, c'était pas super classe. Avec un tel message, fallait pas s'étonner que les gens ne souhaitent pas rentrer...
Peut-être que celui qui habitait à l'intérieur voulait être seul. C'était triste, mais ça devait bien exister.
Peut-être avait-il une bonne raison de vouloir rester seul.
Peut-être était-il un monstre chenille-garou qui rêvait de devenir un papillon.
Peut-être était un dangereux psychopathe recherché par les polices de l'Etat pour homicide avec barbarie et cannibalisme.
Peut-être élevait-il illégalement des lumonars à crêtes ? Enfin, dans l'hypothèse où cet animal existait...

Bref, Corn avais un peu envie de pénétrer dans l'enceinte dudit bâtiment histoire d'en avoir le cœur net, mais son bon sens ainsi que son instinct de conservation lui soufflait que ce n'était peut-être pas ce que souhaitait les occupants.

Il hésitait lorsqu'il vit un autre panneau: ''DANGER DE MORT''.

Comment risquait-on de mourir ? Broyé par un troupeau d'éléphants enragés ? En glissant dans un escalier mouillé ? D'une maladie incurable ?

-  Ils devraient préciser. Pas étonnant que des gens se posent la question ensuite... J'ai une idée ! Je vais allez le demander au proprio !

Il se dit que sonner et utiliser l'interphone était probablement une mauvaise idée. Il y avait peut-être des jeunes enfants ou des vieux monsieur qui faisaient la sieste à l'intérieur, mieux valait ne pas les réveiller... De façon équivalente, ces types avec des fusils qui patrouillaient sur les miradors avaient sûrement plus important à faire que de s'occuper des interrogations d'un jeune délinquant. Mieux valait éviter de les distraire, ce qu'ils faisaient était sûrement très important, vu leur mine concentrée.

Il remarque qu'un des gardes s'était assoupis. Ce n'était ni très raisonnable, ni très prudent. Il risquait de se faire enguirlander par son patron ! Enfin, à part s'il était testeur de coussins professionnel à mi-temps, mais pourquoi faire cette activité-là en haut d'un mirador ? Et puis, le fait que l'homme ne possédait pas de coussins contredisait cette théorie.
Peut-être que cet endroit était son lit. Oui, c'était la seule hypothèse logique.

Considérant qu'il serait grossier de réveiller un homme dormant dans son lit, Corn décida de passer sans le moindre bruit.

Dédaignant la barrière de câbles d'acier surmontée de barbelés qui encerclait le bâtiment, utilisant ses flyers, il grimpa sans mal jusqu'au sommet du mirador où il passa, sans le moindre bruit, devant le garde assoupi. Puis, il redescendit de l'autre coté, dans la discrétion la plus totale.
Puis, en sifflotant, il pénétra à l'intérieur du bâtiment.